Attentat commis contre un des membres du Commando par un Brochet
Cher Brochet
Au moment même où l’on m’a remis l’office que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire ce matin, j’avais sous mes yeux un rapport du vice-consul de L’Etang dans les Provinces nouvellement colonisées, par lequel il me rend compte de l’attentat commis aux Roseaux sur la personne du Capitaine de la Marine du Colonel Castomin. Le contenu de ce rapport est en tout point conforme à ceux qui sont parvenus au Ministère de N.C., et comme vous Brochet, je ne saurais m’expliquer autrement cet acte de criminelle fureur qu’en l’attribuant à la démence où à un état d’ivresse de l’individu, qui s’y est livré sans provocation ni motif aucun.
Cependant, ni le rapport que j’ai reçu, ni les informations parvenues au Gouvernement ne mentionnent cette circonstance, et puisque le coupable est déjà entre les mains de la justice, je ne doute pas, Monsieur, que le Ministère de N.C. ne s’empresse de donner les ordres les plus rigoureux à ceux qui doivent faire l’enquête afin qu’ils y procèdent avec l’attention et la célérité qu’un cas aussi grave exige.
Il est même si extraordinaire ce cas, Monsieur, que je croirais très nécessaire que l’assassin soit transféré sous bonne escorte et sans délai dans les prisons du Nénuphar pour subir son interrogatoire en présence d’une autorité supérieure et recevoir plus tard la peine de son crime.
Je vous serai fort obligé si vous pouviez me tenir au courant des informations qui ne manqueront pas de parvenir au Gouvernement de la part des autorités du lieu, et qui pourront éclaircir d’avantage les circonstances de cet attentat aussi grave qu’étrange.